Au pic (Saint-Loup) de la hiérarchie, enfin!
01/09/2017 - 2016 est marqué d’une pierre blanche pour l’appellation du Pic : l’accession au rang d’AOP a vu aboutir un dossier qui a traîné en longueur pendant une dizaine d’années.
Mais finalement, le 7 septembre 2016, le Comité national de l’INAO a validé le dossier de reconnaissance en Appellation d’Origine Contrôlée Pic Saint Loup.
Une sorte de long couloir résultant d’un effondrement géologique court des contreforts des Cévennes au nord jusqu’aux portes de Montpellier au sud. Au milieu d’un océan de garrigues piqués ici et là de petits villages se dresse le Pic Saint Loup : haut de 658 m, il domine le paysage. Face à lui, l’Hortus, extrémité arrondie d’une longue falaise. Le vignoble plonge ses racines dans une palette de sols extrêmement variés : calcaires durs, calcaires tendres, conglomérats, dolomies, éboulis, calcaires fluviales et marnes. De nombreuses failles et effondrements en escalier ont marqué le paysage. Dont celui orienté nord-est/sud-ouest qui a créé un fossé rempli par des sédiments argilo-calcaires. Les vignes sont plantées dans ces combes alors que les versants des falaises sont couverts de chênes verts. Les parcelles sont enchâssées dans une garrigue plus ou moins boisée et aux multiples essences méditerranéennes. Ce qui offre un double avantage en termes phytosanitaire et bio diversité. La syrah règne ici en maître. Les expositions nord lui conviennent bien ainsi que les marnes profondes. Les expositions sud sous les falaises sont utiles au mourvèdre alors que le grenache trouve sa place sur les marnes moins profondes. A trois, ces cépages couvrent environ 70% de la surface plantée. Cinsault et carignan occupent un rôle mineur. Le terroir du Pic Saint Loup est d’ailleurs le plus arrosé du Languedoc. De même ses températures et en particulier ses amplitudes thermiques sont ici très caractérisées. Fortement contrastées entre le jour et la nuit en période de véraison, elles favorisent une maturation des raisins apportant fraîcheur et équilibre dans les vins. Cela confère aux vins du Pic Saint-Loup un profil moins généreux, moins corsé que les autres appellations languedociennes.
Les derniers millésimes
2016 : malgré la grêle qui a frappé une partie de la zone, celle-ci a bien profité des pluies de septembre qui ont corrigé les conséquences de la longue sécheresse de l’été. La relative altitude a aussi joué un rôle pour apporter en général de la fraîcheur à des matières équilibrées. L’appellation tient-elle là globalement sa meilleure année récente ?
- 2015 : contrairement à d’autres zones, ce millésime s’est révélé ici compliqué. Les tanins par exemple frôlent assez souvent l’amertume, voire ici et là l’astringence dans des cuvées trop extraites aux milieux de bouche et finale trop dures. En cause notamment le déficit hydrique durant l’hiver, la chaleur excessive en juillet. Les pluies d’août ont été irrégulières.
- 2014 : qui dit millésime tardif, dit millésime de fraîcheur à dans cette AOP. Le climat a été agité, entre sécheresse au printemps, des précipitations plus tard avec des orages violents parfois, de la grêle aussi. Des extractions limitées ont donné des vins plus sur l’élégance que la puissance.
- 2013 : cet autre millésime tardif propose des vins plus « joueurs, plus gais « que 2012. Au contraire, ce dernier possède un certain sérieux. 2011 tend lui à s’habiller de velours avec des acidités plus faibles.
Notre sélection de domaines
37 cuvées nous ont été présentées sur 4 millésimes. Nous en avons retenu 20%.
La Bergerie de l’ Hortus 2016 – Domaine de l’Hortus
Agréable cuvée d’entrée de gamme pour ce domaine bien connu des consommateurs belges depuis 30 ans. Les vins proviennent de parcelles situées en bas de pente sur des sols d’éboulis calcaire peu profonds. La matière est juteuse, souple, avec de petits tanins juteux. Les arômes de fraise des bois, de cassis, de cachou participent au plaisir qu’offre ce vin d’une très bonne fraîcheur renforcée en finale par un discret amer tanique. www.domaine-hortus.fr
Cuvée Sainte Agnès 2015 – Ermitage du Pic Saint Loup
Né sur des sols d’argilo-calcaire, argile blanche et calcaire dur, situés en milieu de coteaux, cet assemblage de syrah et grenache pour 80%, complétés de mourvèdre et carignan nous a séduit. Un nez complexe aux notes de cassis, cerise, mûre, fenouil, épices douces annonce une bouche au profil élancé. L’attaque est juteuse, assez avenante puis elle s’ouvre sur une structure de tanins encore fermes qui pourtant ne masquent pas l’élégance de ce vin à la remarquable fraîcheur. 24h. après l’ouverture de la bouteille, les tanins se sont affinés, la matière garde toute sa vitalité. www.ermitagepic.fr
Bonne Pioche 2015 – Domaine Clavel
En comparaison avec les versions 2013 et 14 de cette cuvée, on est frappé ici par la dominante de la structure tanique et la densité de la matière. Le nez a d’abord un peu de mal à s’exprimer avant de délivrer des arômes de sirop de cassis, d’encre, d’olives noires plus des notes épicées.la bouche est compacte, contrainte, avec des tanins fermes, heureusement il y a du jus. Légère chaleur alcool en finale mais néanmoins le potentiel semble être favorable pour attendre le vin au moins 3 ans. Ou alors un passage en carafe de quelques heures avant consommation sera indispensable. Large dominante de syrah, complétée de mourvèdre et de grenache. www.vins-clavel.fr
www.wijnen-dekok.com – www.magnuswijnen.be – www.lavigneraie.com – sens.larges@skynet.be – www.wijnengoyens.be – www.wijnhandelvandenbossche.be – www.maxivins-overijse.be – www.lesgenereux.nl – www.vimowa.lu – www.moscavins.ch – www.boiron.ch –www.caveaudebacchus.ch
Vieilles Vignes 2015 – Château de Lancyre
Une très bonne maturité de fruit dans une matière où l’acidité équilibre la richesse. Le nez est complexe avec des arômes de fruits type cassis, prune bleue, de réglisse, des notes de mine de crayon et de tabac aussi. Les tanins sont encore serrés, fermes mais sans réelle astringence malgré leur masse. Il faudra néanmoins qu’ils s’affinent au fil du temps. Le léger alcool en finale est atténué par l’amer tanique. Assemblage de syrah en dominante avec du grenache. www.chateaudelancyre.com
www.dulst.be – www.oliviervins.com – www.lacaviniere.be – www.bestvins.be – www.zweifelvinarium.ch – www.gazzar.ch – www.scherer.ch
Le Septième 2014 – Mas Bruguière
Peut-être le vin le plus abouti de notre dégustation des 2014 : le mourvèdre domine largement l’assemblage pour seulement 10% de syrah dans cette cuvée qui célèbre la 7ème génération de Bruguière à la tête du domaine. Le nez délicat dans sa jeunesse évolue vers une diversité d’arômes de fruits noirs épicés, de prune, de raisin et de touches de sous-bois. La profondeur et l’élégance du nez se retrouve en bouche à la trame droite, aux tanins juteux et soyeux. Les 24 mois d’élevage en foudre et en bouteilles lui donnent une rondeur et un volume bien équilibré malgré la densité. Un grand Pic Saint Loup qui démontre que la qualité ne s’arrête pas à la syrah dans cette AOP. www.mas-bruguiere.com
www.vinoel.com – Le Cellier de Bernard – www.caveaudebacchus.ch – www.cavesa.ch – www.wijnkooperijdelange.nl
Le Roc des Mates 2014 – Château Cazeneuve
Voici un 2014 qui affiche une évidente ambition : celle d’être conservé en cave plusieurs années. La matière est dense, ferme, tannique. Dès le nez, il affiche sa personnalité avec des notes d’olives noires, d’encre, de fruits noirs bien mûrs, de garrigue. Mais au-delà de cela, il possède un éclat qui le distingue de la moyenne des 2014 que nous avons dégustés. La bouche est fournie donc, juteuse aussi et si le fruit semble quelque peu en retrait, une fraîcheur minérale lui confère vitalité et équilibre face à sa puissance. Il convient bien sûr de laisser les tanins s’affiner pendant 2 ou 3 ans ou alors de le décanter 24 h. à l’avance. Assemblage : 80% de vieilles syrah à 150 m d’altitude, plus 10% de grenache et mourvèdre. www.chateaucazeneuve.com
www.lavigneraie.com – www.basin-marot.be – www.wijnenjacobs.be – www.cavesa.ch – www.glandorfenthijs.nl
Almandin 2013 – Château L’Euzière
Trois cépages constituent cette cuvée au nez dominé par les effluves de cassis et agrémenté d’épices, de réglisse et de touches de caoutchouc si typique du cépage dominant, à savoir la syrah (70 %). Laquelle est complétée de grenache (25 %) et mourvèdre (5 %). Beaucoup de fraîcheur dans une bouche équilibrée ( malgré 14°5 d’alcool )par l’acidité et une trame de tanins juteux nés d’une extraction modérée. Le petit amer final caractérise sans doute la climatologie de 2013 dans une finale de longueur moyenne. Ce vin est une sorte d’archétype de la fraîcheur Pic Saint Loup. www.chateauleuziere.fr
www.wijnen-dekok.com – https://lechemindesvignes.be – www.lesrestanquesdehoux.be – www.danslesvignes.be
Bernard Arnould
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